Alexandre Aïvazov :
"Le dollar s'effondrera en 2014"
Bonjour
M. Aïvazov! Pourriez-vous brièvement exposer aux lecteurs votre méthode
d'analyse de la situation économique et financière?
Sur quelles théories se fonde-t-elle?
L'épine
dorsale du "Système périodique du développement capitaliste mondial du
milieu du XVIIIe siècle à la moitié du XXIe siècle"
que j'ai élaboré est constituée par la théorie des grands cycles de
Kondratiev, la théorie du développement par l'innovation de Schumpeter,
et par la théorie du chaos de Prigogine.
Dans
mon Système, j'ai réussi à intégrer en un seul et même ensemble des
cycles différents, les cycles courts de Kitchin (3-5 ans)
et de Juglar (8-11 ans), les cycles moyens de Kouznetsov (20-25
ans), avec les cycles longs de Kondratiev (40-60 ans), les cycles de
formation des Structures technologiques (ST) de Glaziev, M.Hirooka et
K.Peres et les cycles séculaires d'Arrighi, Pantine et
Badalyan et Krivorotov. Il s'est avéré non seulement que tous ces
cycles sont connectés, mais qu'ils se complètent et se conditionnent
mutuellement. En outre, je m'appuie dans mes recherches sur
des classiques de la pensée économique, comme Adam Smith, Karl Marx,
Keynes et bien d'autres.
Quelles grandes tendances se dégagent de cette approche?
J'ai
remarqué une chose intéressante: depuis les XVIIe-XVIIIe siècles, deux
conceptions majeures du développement s'affrontent. La
première a été initiée par les physiocrates français dans la formule
«laissez faire, laissez passer», appelant à la liberté d'entreprise,
et rejetant l'implication du gouvernement dans la vie économique de la
société. Plus tard, cela a donné la «main invisible du
marché» d'Adam Smith, la loi de Say etc., jusqu'au néo-libéralisme
moderne.
L'autre conception, formulée dans la théorie du mercantilisme, non seulement autorisait, mais exigeait l'intervention du
gouvernement dans la vie économique, d'abord sous forme de protectionnisme (protection du capital national
contre la concurrence étrangère), puis de participation directe de
l'Etat dans la vie économique par
redistribution des ressources financières à travers le budget de l'Etat, et en régulant l'ensemble de la vie économique, conformément à la théorie de Keynes.
Ces
deux paradigmes se succèdent lors de la transition entre les phases
montante et descendante de chaque grand cycle de Kondratiev.
Le néolibéralisme a détrôné dans les années 1980 le modèle de
développement keynésien, et le néolibéralisme sera à son tour remplacé
durant la décennie actuelle par le post-keynésianisme, fondé
sur la participation déterminante de l'Etat dans la vie économique
de la société, jusque dans la planification, comme au Japon ou en Chine.
Dans quelle mesure les actions des gouvernements et des Banques centrales peuvent influer sur l'économie mondiale si
celle-ci est déterminée par des cycles?
Tout
dépend des cycles dont on parle. Si vous parlez des petits cycles de
Kitchin, l'injection massive de liquidités dans l'économie
et les programmes étatiques de stimulation de la demande (prime à la
casse, etc) ont permis dès la fin 2009 de surmonter la crise de ce
cycle. Dans ce cas, les gouvernements et les Banques
centrales ont joué un rôle décisif.
Mais
ce cycle dure 3 à 5 ans, et en 2012-2013, les économies occidentales
sont de nouveau entrées dans la phase descendante de ce
cycle, et les gouvernements et les banques centrales sont depuis à
court d'idées. Dans le cadre des cycles de Juglar, l'économie
occidentale n'est jamais sortie de la crise depuis 2008, comme le
montre le chômage élevé, la faible utilisation des capacités de
production, le renouvellement larvé du capital fixe. Si l'on observe les
cycles moyens de Kouznetsov, là aussi les économies
développées restent dans un état de dépression: la demande de
logement est faible, les prix sont encore bas par rapport à la période
d'avant-crise, la construction est en berne.
Concernant
les cycles de Kondratiev, la transition de la phase descendante à la
phase montante suivante, étape à laquelle nous nous
trouvons, est le terreau de formation des innovations de base de la
"'VIe structure technique": nanotechnologies, biotechnologies,
technologies de l'information, énergie alternative, ingénierie
génétique, qui ne seront pas opérationnelles avant 2020.
En contexte de crise, l'Occident adopte-t-il les bonnes décisions compte tenu des cycles?
Concernant
la marge de manœuvre des Etats pour influer sur l'économie en contexte
de changement de cycle, celle-ci est très mince.
Les gouvernements ne peuvent qu'atténuer ou intensifier des
processus revêtant un caractère objectif, mais les crises provoquent une
inflexion des politiques menées, il est vrai pas toujours dans
le bon sens.
Pour
mémoire: la transition du IIIe au IVe cycle de Kondratiev a porté
Roosevelt au pouvoir aux USA, et Hitler en Allemagne. La
transition du IVe au Ve cycle dans les années 1979-80 a porté
Thatcher au pouvoir en Grande-Bretagne et Reagan aux Etats-Unis, qui ont
totalement modifié la politique économique menée avant
eux.
Le problème est qu'en phase descendante des cycles, les gouvernements mènent généralement une politique "pro-crise" qui ne fait
qu'aggraver la situation. C'est ce qui se passe actuellement en Europe et aux USA.
La crise de l'euro a repris de plus belle après une accalmie, notamment en raison de la dette de pays comme le Portugal.
L'euro pourra-t-il surmonter cette crise?
L'euro
survivra, mais l'Europe aura besoin d'une intervention chirurgicale.
Certains pays devront être exclus de la zone euro, les
autres traverseront des années difficiles. Mais je suis convaincu
qu'après cette intervention, ce bloc n'en sera que plus fort. Bien sûr,
il fallait tout de suite faire une "ablation" de la
tumeur, et ils ont décidé de réaliser une "chimiothérapie" (émission
de crédit). On ne note pas d'amélioration pour le moment, la maladie a
été mise en veilleuse pour un temps.
En
outre, l'UE traverse une crise de croissance, une monnaie commune existe
mais il n'y a pas d'union budgétaire et fiscale. Il
aurait fallu introduire avec l'euro des règles communes en matière
d'impôts et de dépense des budgets publics. Le problème est que la zone
euro a été formée lors de la phase montante du cycle de
Kondratiev, alors que l'économie était florissante. Dès qu'on est
passé en phase baissière, les problèmes sont apparus de plus belle. Il
faut les résoudre, pas les remettre à plus tard.
Quand l'économie sortira-t-elle de la crise actuelle, qui a débuté en 2008 avec l'éclatement de la bulle des
"subprimes"?
L'économie
se récupèrera, mais cela n'arrivera pas avant 2019-2020. Il faut bien
comprendre la nature de la crise actuelle. Le fait
est que depuis la révolution néolibérale des années 1980, quand
Thatcher et Reagan ont brutalement réduit les impôts sur les riches,
étranglé leurs syndicats et créé les conditions pour la baisse
des salaires des travailleurs, le monde a brusquement mis le cap sur
la sphère financière, les riches n'investissant plus dans la
consommation, mais dans les spéculations financières.
Regardez,
actuellement, même les grandes corporations obtiennent jusqu'à la
moitié de leur chiffre d'affaire non pas en produisant
des biens, mais par le biais de spéculations sur les marchés, alors
qu'il y a 30 ans ce chiffre était de 15%. Dans le même temps, le salaire
réel aux Etats-Unis, si l'on déduit l'inflation, est
resté au niveau de 1968.
Une
question s'impose: à quoi était due la hausse du niveau de vie de
l'Américain lambda avant la crise? La réponse est simple: au
crédit. Les ménages, les villes et les autorités régionales vivent à
crédit, tout comme les gouvernements des Etats. L'ensemble du monde
occidental vit à crédit: cela signifie qu'il ne vit pas en
conformité avec ses revenus, aux dépens d'autres pays qui ne
consomment pas autant qu'ils le pourraient, et n'empruntent pas.
Va-t-on assister à un rééquilibrage violent?
Oui,
le temps du rééquilibrage est venu. En Europe, personne n'est prêt à
accepter une réduction violente de son niveau de vie, et
il le faudra pourtant, de 25-30% au moins. Seule la crise le pourra,
ce n'est qu'au terme de cette dernière qu'arrivera une restauration de
l'équilibre mondial, gravement malmené depuis 30
ans.
De
nombreux médias financés par l'oligarchie financière mettent l'accent
sur des pays secondaires, comme la Grèce ou le Portugal,
mais ce qui arrive aux Etats-Unis est bien pire. Il n'y a qu'une
seule différence entre Washington et Athènes: le premier peut imprimer
de l'argent, le second pas. Les Américains comme les Grecs
vivent au-dessus de leurs moyens, créant moins de biens qu'ils n'en
consomment, mais les premiers compensent la différence avec des
"morceaux de papier vert" sans valeur, tout comme les
colonisateurs de jadis achetaient de vraies ressources avec des
morceaux de verre. Le monde entier accepte ces "morceaux de verre" pour
fournir des biens véritables. Toute violation de
l'équilibre mènera tôt ou tard à une crise, vouée à restaurer
l'ordre violé.
Les USA impriment tous les mois 85 milliards de dollars. Les marchés sont suspendus aux annonces de la FED sur la poursuite
ou l'arrêt du programme d'"assouplissement quantitatif". Le pays peut-il arrêter d'imprimer du dollar?
Les
marchés financiers se comportent comme des toxicomanes de longue date:
tout rappel du fait que le toxicomane peut ne pas
recevoir sa nouvelle dose le rend hystérique. C'est pareil avec les
Etats-Unis pour l'impression de dollar, qui est leur drogue. Un
toxicomane peut-il vivre une vie longue et heureuse? La réponse
à cette question aide à comprendre ce qui attend les Etats-Unis ces
prochaines années.
Ce
n'est pas un hasard si Ben Bernanke quitte son poste en janvier 2014,
alors qu'il pourrait rester pour un nouveau mandat. Il ne
veut pas être le bouc émissaire de la politique qu'il a menée, il
veut sauter d'un train qui roule vers l'abîme, il comprend les
conséquences de sa politique.
Quelle est l'étape suivante pour les Etats-Unis?
Le
dollar pourrait résister s'il ne jouait pas le rôle de monnaie mondiale.
Ce qui sape le dollar, c'est qu'il supporte le fardeau
d'un gigantesque volume d'obligations du monde entier. Personne ne
peut le sauver. Les USA vivront des temps très durs, similaires à la
Grande dépression.
Mais
les Américains ont prévu une issue de sortie. Le plus probable est
qu'ils feront défaut sur leur dette, se renfermeront sur le
NAFTA (qui intègrera la Grande-Bretagne), mettront en place une
nouvelle devise, l'Amero, sur lequel un accord a été trouvé avec le
Canada et le Mexique dès 2007, puis ils panseront leurs
plaies.
Le
potentiel économique des USA est très important: ils ont des ressources,
ils n'auront pas trop de mal à reconstituer leur
potentiel de production, ils ont du personnel qualifié, leur niveau
d'innovation est le plus élevé au monde, ils sont leaders dans
l'assimilation de la Structure technique du VIe cycle de
Kondratiev.
Il
est vrai, on assistera à l'effondrement des liens technologiques et
productifs liés à l'Europe, l'Asie et l'Amérique latine, les
marchés financiers américains dégringoleront, leurs obligations
redeviendront de simples bouts de papiers, les retraites de millions
d'Américains seront dépréciées, le niveau de consommation et
de vie des Etats-Unis va chuter, et toutes les bases militaires
américaines à l'étranger seront fermées. Mais les USA surmonteront ces
temps difficiles et après 2020 ils commenceront à rapidement
redynamiser leur économie. Toutefois, ils ne seront plus l'unique
leader de l'économie mondiale. Ils ne seront qu'un leader régional parmi
d'autres.
Je
n'envie pas ceux qui détiendront des dollars ou des obligations du
trésor américain, mais personne ne forcera les Etats-Unis à
rembourser leur dette par la force, car ils ont l'armée la plus
puissante du monde.
Va-t-on faire face à de l'hyperinflation?
La
politique américaine ne peut pas causer d'hyperinflation tant que le
dollar joue le rôle de devise mondiale, car l'émission de
cette monnaie est "disséminée" en une fine couche sur l'ensemble de
l'économie mondiale. Les Etats-Unis diffusent leur inflation à
l'ensemble du monde, en premier lieu aux pays émergents, qui ont
une inflation d'au moins 5%, même si grâce à divers artifices
techniques ils parviennent à jeter de la poudre aux yeux du monde
entier.
En
outre, une grande partie des dollars est absorbée par les marchés
financiers, où ils viennent gonfler différentes bulles. La
spéculation massive se produit précisément sur la base de cette
masse monétaire excédentaire. C'est pourquoi les acteurs des marchés
réclament la poursuite de l'assouplissement quantitatif. Mais
prochainement, les marchés vont s'effondrer comme un château de
cartes. C'est inévitable.
L'once d'or a chuté à 1200 dollars. De nombreux experts ont déclaré, dans le sillage de Paul Krugman, que c'était la fin de
la "bulle de l'or". Que pensez-vous de cette analyse?
Il
faut immédiatement préciser de quel or nous parlons. Si nous parlons de
l'or physique réel, qui depuis 5.000 ans sert
d'équivalent universel, la demande pour ce dernier a fortement
augmenté dernièrement. Les Banques centrales et les particuliers ont
nettement augmenté l'achat d'or physique. Mais sur les marchés
des métaux, où l'on échange de l'or virtuel, c’est-à-dire des
contrats à terme sur l'or, on a observé une brusque chute des prix sur
cet or virtuel. 95% du marché de l'or mondial, ce sont des
contrats à terme sur les bourses, seuls 5% étant constitué d'or
physique.
L'or
est un étalon de mesure de valeur, un équivalent universel. Un mètre ou
un kilo peuvent-ils perdre en dimension ou en poids?
C'est pareil pour l'or, c'est un étalon de mesure sans lequel les
indicateurs économiques seraient appréciés comme dans un miroir
déformant. Théoriquement parlant, nous inversons tout quand nous
disons qu'une once d'or vaut 1200 dollars, il faudrait dire qu'un
dollar côte 1/1200ème d'once d'or. En réalité ce n'est pas l'or qui
monte ou descend en valeur, c'est le pouvoir d'achat du
dollar par rapport à l'or qui monte ou baisse.
Pourquoi
le dollar américain a-t-il commencé à jouer après la guerre le rôle de
devise mondiale? Parce que le dollar était "aussi
bon que l'or", il était adossé à 70% à l'or. En 1971, il a fallu
déconnecter le dollar de l'or et laisser le métal jaune "flotter
librement" par rapport aux autres devises et biens. Mais l'or
reste l'étalon de valeur. Dès que des crises et des bouleversements
se font sentir sur les marchés, beaucoup accourent vers le "havre de
paix de l'or".
Actuellement,
certains acteurs du marché des "futures" ont intérêt à faire baisser le
prix de l'or, certainement en vue de l'achat
massif de métal bon marché avant sa hausse en flèche. Ils l'ont fait
baisser au maximum pour pouvoir gagner à l'avenir des sommes énormes,
car dès août-septembre, la question du plafond de la
dette US se reposera, avec la possibilité d'un défaut technique. Et
pendant qu'Obama bataillera avec le Congrès, les prix de l'or vont à
nouveau percer tous les maximums historiques (des pics de
2500-3000 USD l'once sont tout à fait plausibles). Cela devrait se
produire au cours de cette année.
Le
cours de l'or a été multiplié par 7 depuis 2001, et ces derniers mois,
il a été divisé par 1,5. Difficile de parler de fin de la
"bulle de l'or", quand ce métal reste 4,5 fois plus cher qu'il y a
douze ans!
Vous prévoyez le krach du dollar pour 2014. Les événements actuels confortent-ils cette opinion?
Le
krach du dollar peut arriver à n'importe quel moment, car toutes les
conditions sont réunies. Certes, le gouvernement américain
et la FED ont une réserve de solidité leur permettant de reculer
l'échéance en menant une politique raisonnable (ce dont je doute fort).
Mais le krach est inévitable. Selon mes estimations, cela
aura lieu en 2014, dans le meilleur des cas en 2015, mais pas plus
tard.
Comme
l'écrit Boulgakov dans Le Maître et Marguerite: "Annouchka a déjà
renversé l'huile" (qui provoquera la mort d'un personnage,
Berlioz, ndlr). Des événements X ou Y ne peuvent qu'accélérer ou
légèrement reculer les processus en cours, mais pas les arrêter, tout
comme nous ne pouvons pas éviter la mort. Le processus
naturel de vieillissement du modèle capitaliste américain mène
inexorablement à la mort de ce modèle, et la crise permettra de
reconstruire l'économie conformément aux nouvelles exigences
mondiales.
Face aux bouleversements qui les attendent, que peuvent faire les gens pour protéger leurs économies?
Le
"gourou" des marchés spéculatifs Jim Rogers (un ancien proche de Soros),
que je respecte beaucoup, émet depuis longtemps les
mêmes mises en garde que moi. Il conseille pour conserver ses
économies de les placer dans l'or ou dans les denrées, mais aucun cas
dans des actions, des obligations, ou des titres de dette. Tout
ceci sera fortement dévalué pendant la crise, et les valeurs stables
telles que l'or se maintiendront. Les gens auront en outre toujours
besoin de manger.
Il
est curieux de constater que le spéculateur Jim Rogers conseille aux
traders et experts financiers de fuir Wall Street à toutes
jambes: en novembre 2010, il a appelé les étudiants à renoncer à
faire carrière à Wall Street ou à la City, car ces prochaines années,
vivre à la ferme rapportera plus que Wall Street. Il a en
outre confirmé la théorie de Braudel et Arrighi: "Si vous étiez
intelligent en 1807 vous auriez déménagé à Londres, si vous l'étiez en
1907 vous seriez parti à New-York, et si vous êtes malin en
2007, déménagez en Asie".
La guerre peut-elle résoudre les problèmes de dette de l'occident?
L'histoire
montre de manière convaincante que les leaders mondiaux de différentes
époques ont cherché à résoudre leurs problèmes au
moyen de la guerre. Napoléon a cherché grâce aux guerres à unifier
l'Europe continentale contre la Grande-Bretagne et ainsi à résoudre les
problèmes économiques de la France, en faisant du pays
le leader du cycle hollandais d'accumulation du capital. Mais il a
perdu et cédé la palme du leadership à la Grande-Bretagne, qui 100 ans
plus tard a elle aussi cherché à assurer sa position en
déclenchant la Première Guerre mondiale.
A la
différence de Napoléon, le pays a gagné la guerre, mais il est devenu
débiteur net, et a cédé le leadership mondial aux
Etats-Unis. Ces derniers cherchent, 100 ans plus tard, à déclencher
une nouvelle guerre au Proche-Orient, près des frontières de leurs
concurrents potentiels: Chine, Russie et Inde. Mais ils ne
font qu'aggraver leur situation économique et plongent le pays dans
la crise. Il faut étudier les leçons de l'histoire pour ne pas tomber
sans cesse dans les mêmes pièges. Et ne pas chercher de
solution simple à des problèmes complexes. Elles n'existent pas!
A quoi ressemblera le monde d'après-crise?
La
particularité de la période actuelle est que selon les cycles
d'accumulation de capital (Braudel, Arrighi), il s'y produira un
transfert du cycle américain vers le cycle asiatique, dont les
leaders sont actuellement la Chine et le Japon. Des pays dont les
économies sont basées sur le modèle postkeynésien reposant sur les
principes de collectivisme et de solidarité, aux antipodes de
l'individualisme et de la concurrence intrinsèques au modèle
anglo-saxon. C'est un changement important qui s'accompagnera de
bouleversements dans l'économie mondiale.
Grossièrement,
notre économie mondialisée actuelle va se scinder en plusieurs
méga-régions, à l'instar de l'UE. On assiste d'ores et
déjà à la formation de pôles économiques comme le NAFTA (USA,
Mexique, Canada et qui devrait intégrer à terme la Grande-Bretagne), la
Chine avec l'ASEAN, les pays d'Amérique latine, la Communauté
économique eurasiatique.
Chaque
méga-région aura sa devise de base, ses instituts, ses lois et ses
règles en matière de relations interétatiques, compte tenu
des spécificités culturelles, nationales, religieuses et
civilisationnelles des Etats membres. Ces méga-régions vont tisser entre
elles de nouvelles relations au niveau mondial.
D'ici 2020, le monde aura un visage radicalement différent de celui qu'on lui connaît aujourd'hui.
Propos recueillis par Hugo Natowicz.
http://fr.rian.ru/discussion/20130716/198779331.html